Il faisait chaud, très chaud, en même nous étions à la fin du mois d’août, à la fin de l’été, mais c’était surprenant compte tenu du fait que j’étais encore en Angleterre. Comme depuis plusieurs années, je passais mes étés à Newport. Pour quelle raison ? Vous osez me demander ça ? Je suppose que tout Greenville sait pourquoi. Ca a bien jasé après le départ de Chuck - plus connue sous le nom de Caroline - en ville, donc à peu près tout le monde savait que j’allais là-bas pour la retrouver. Deux mois ne suffisait pas pour rattraper tout le temps qu’on ne passait pas ensemble, mais chaque minute à ses côtés était un moment de pur bonheur. Son départ il y a déjà quelques années m’avaient déjà beaucoup affectée, mais bon, je gardais la tête haute, il ne fallait pas non plus que les gens puissent soupçonner quoi que ce soit… Je veux dire, c’est vrai, j’avais été tellement jalouse pendant tout le temps où mon adorable meilleure amie et mon frère que son départ avait été une douleur, mais peut-être d’un côté un soulagement et un créateur de nouveaux espoirs puisque ça les avait fait rompre. Des sentiments ? Pour elle ? Ah, ça oui. J’en avais beaucoup, et peut-être certains plus que nécessaires. Je veux dire, c’était ma meilleure amie, et encore là, en direct de l’aéroport, je ne pouvais m’empêcher de la dévorer du regard. Une chance que je ne rougissais pas et que j’avais un caractère assez imperceptible pour qu’on puisse discerner la moindre pointe d’ambigüité dans ce que je pouvais ressentir. « Bon… Je pense qu’il est temps de se dire ‘au revoir’, enfin non, ‘à bientôt’, hein, parce qu’on se revoit bientôt, n’est-ce pas ? » J’avais prononcé mon habituel discours comme à chaque fin de vacances. Cette fois-ci, je n’avais pas vraiment de raison de rentrer… Je ne reprenais pas la FAC ce semestre puisque j’avais tout lâché, ça m’avait effectivement grave tapé sur les nerfs. J’aurai tellement voulu rester plus longtemps cette fois… Mon regard se posait sur les personnes aux alentours, j’eus un petit sourire gêné et je daignai enfin regarder Chuck. Je ne voulais pas qu’elle pleure, il ne fallait pas qu’elle pleure, c’était une princesse après tout, elle avait tellement de belles choses à vivre ici, à Newport qu’elle ne devait pas regretter de ne pas rentrer avec moi. « Tu m’appelles dès que t’es arrivée, hein ? » « Hey, ça va oui ?! C’est pas toi qui paye les appels vers l’international hein… ! Bien sûr que oui, Chuck, dès que j’ai posé le pied dans le Texas. » Sur cette petite touche d’humour, je la pris dans mes bras. Rien que de penser que je ne pourrais pas faire ça avant longtemps me pinça le cœur. Je ne voulais pas rentrer, définitivement pas. Je la serrai fort contre moi, jamais je ne voulais qu’on nous sépare, qu’on me dise de monter dans l’avion et que je retourne à ma petite vie aux Etats-Unis. Ma place était avec elle, peu importe ce qu’on pouvait en penser… Mes pensées se bousculer, j’avais besoin de Chuck, encore un peu ; je ne vis pas les secondes passer, ce fut comme si tout s’arrêtait autour de moi. Je me détachai un peu de Chuck, je le regardai dans les yeux. Elle ne me lâchait pas, moi non plus. Mon regard valsait entre ses yeux et ses lèvres, je mordillai la mienne et… Merde, on est trop jeune pour réfléchir, il y avait trop de gens autour de nous, mais c’était l’idéal ; j’approchais dangereusement mon visage du sien et laissai mes lèvres se poser sur les siennes. Je ne saurai dire si ce fut court ou long, mais la minute d’après, je fus comme précipiter, j’attrapai mes bagages et me précipitai d’un pas rapide jusqu’à la porte d’embarquement, sans prendre le risque de lancer un regard en arrière. Ce qui venait de se passer était inconcevable, peut-être irréel… Finalement, rentrer n’était pas une si mauvaise chose, je ne voulais pas penser que j’avais peut-être fait une bêtise, car après tout, j’avais juste fait ce que j’avais toujours voulu faire…